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Professionnels du soin : comment construire une carrière écologique et alignée ?

La crise environnementale actuelle n’épargne pas le monde de la santé. Plus que jamais, infirmiers, médecins, kinésithérapeutes, psychologues et tous les professionnels du soin se sentent interpellés par la nécessité de conjuguer bien-être du patient et respect de la planète. Mais au-delà d’une simple réduction des déchets dans leur exercice professionnel, les valeurs écologiques des praticiens de santé vont souvent de pair avec une envie d’œuvrer pour des soins plus personnalisés, pour une santé plus durable. Mais par où commencer ? Comment aligner ses convictions écologiques et son exercice professionnel, comment vivre ses valeurs tout au long de sa carrière ?

Une pratique de soin souvent en désaccord avec nos valeurs fondamentales.

Le choix d’une carrière dans le domaine du soin est souvent lié à des valeurs humaines fortes. Des valeurs telles que :

  • l’écoute
  • l’aide, l’accompagnement
  • l’envie de rendre la vie meilleure pour un maximum de personnes
  • la contribution à ce qui fait sens pour nous : la santé, et la préservation de la vie.

Pourtant, dans les faits, les pratiques professionnelles des soignants en sont souvent éloignées. En effet, les gestes du quotidien ou les conditions de travail ne sont pas tout à fait cohérentes avec ces valeurs.

Écouter l’autre : un espace réduit

L’écoute, par exemple, est indispensable pour permettre à la personne d’exprimer à la fois ses sensations, ses émotions, ses besoins… Toutefois, le temps des praticiens de santé est souvent limité, et cet espace d’écoute se retrouve réduit au strict minimum, ce qui est frustrant à la fois pour le praticien et pour son client.

Aider autant que possible

La notion d’aide est centrale dans le domaine du soin, mais là encore elle peut être limitée par la posture et l’environnement du soignant. Une personne qui travaille sous pression, avec des horaires contraignants, ou qui n’a pas d’espaces pour se ressourcer sera forcément moins disponible pour son patient. Elle peut aussi avoir des soucis familiaux, des tensions relationnelles, différentes situations qui vont influer sur sa pratique. Et comment aider l’autre si on a besoin d’aide nous-mêmes ?

Des horaires contraignants

Beaucoup de professionnels du soin veulent aider un maximum de personnes, et pour cela elles vont se mettre au service du plus grand nombre. Difficile de refuser lorsqu’une personne nous appelle parce qu’elle a besoin de notre aide ! Mais de ce fait, beaucoup de soignants s’épuisent avec des horaires trop étendus, ou bien des temps de consultations ou de soins réduits. Pour rendre service à beaucoup de patients, on en vient à puiser sur nos propres ressources et notre propre santé !

Une pratique écologique limitée

Enfin, les valeurs écologiques de beaucoup de soignants sont fortes, mais se retrouvent limitées dans leur concrétisation. En effet, même si la mise en place du tri sélectif ou la réduction de déchets ne pose plus de problème aujourd’hui, l’écologie de la santé va bien au-delà de ces gestes du quotidien. Qu’en est-il des produits que l’on utilise ? Des remèdes que l’on prescrit ? Même si on porte une attention à proposer des produits du label bio, il convient de réfléchir à la portée environnementale de ces produits.

Quelle portée environnementale pour nos pratiques de soins ?

Pour chaque proposition de remèdes, qu’ils soient naturels ou non, ou pour chaque produit que l’on utilise (crèmes, huiles…) nous pouvons nous poser ces quelques questions :

Quelle est la provenance de ce produit/remède ?

Certaines huiles essentielles, même bio, viennent de l’autre bout du monde. Beaucoup de plantes médicinales sont issues de monocultures dans des pays pauvres, avec un impact à la fois environnemental et sociétal fort. Pourtant, nous pouvons trouver des plantes ou huiles essentielles à effets équivalents avec des produits locaux !

Sa préparation a-t-elle un impact environnemental ?

Il est toujours bon de regarder comment les remèdes sont préparés, pour identifier leur valeur écologique. Certains gros laboratoires arrachent des arbres pour en récolter les bourgeons et ainsi préparer les macérâts glycérinés. Tandis que de petites structures auront une récolte raisonnée et tout à fait respectueuse de la végétation comme des humains cueilleurs des plantes.

Cette remarque est valable également pour la préparation des compléments alimentaires, probiotiques… qui sont généralement présentés comme des remèdes naturels. Pourtant, leur préparation demande des compétences en chimie, des structures adaptées à leur création ainsi que des emballages qui seront jetés à chaque utilisation.

Quel est l’effet désiré ?

Bien sûr, l’objectif d’un remède est avant tout de permettre à la personne de se sentir mieux, retrouver un bien-être ou la santé en fonction de sa situation. Mais au-delà de cet aspect général, tous les remèdes n’agissent pas de la même façon.

Certains médicaments ou huiles essentielles vont agir “contre” : pour détruire les bactéries, les microbes, les champignons. Si un remède détruit la vie, peut-il être qualifié d’écologique ?

D’autres remèdes sont utilisés pour agir sur le corps, en vue de réactions chimiques. Ajouter un peu d’acide ou plutôt des éléments basiques, ingérer des vitamines et des minéraux… Ces remèdes peuvent tout à fait être naturels, voire écologiques dans leur fabrication. Ils agissent pour la santé des personnes, mais en ne considérant le corps humain que comme une machine qu’il faut huiler ou réparer. Une vision réduite des merveilles de la Vie …

A-t-il des effets secondaires ?

Est-ce que je remède que je propose peut avoir des effets indésirables pour la personne ? Et si oui, comment limiter au maximum leur apparition ? Est-ce que je peux trouver un autre remède, naturel, écologique, et qui n’ait pas ces effets ?

Parce qu’il est possible de choisir des produits à la fois naturels, écologiques et personnalisés pour permettre aux personnes de retrouver la santé sans affecter d’autres parties de leur corps !

A-t-il un impact sur l’environnement du fait de ses déchets après utilisation ?

On sait aujourd’hui que 100% des rivières du monde sont polluées, notamment par les déchets de nos traitements par hormones de synthèses, corticoïdes, anti inflammatoires et antibiotiques. Aussi, il est intéressant de ne pas oublier cette partie de la santé : une fois que le remède a agi, que devient-il ? Comment est-il éliminé ? Est-il biodégradable ou a-t-il besoin d’un traitement spécial ?

Concilier une profession de santé et des valeurs écologiques : c’est possible !

Et de prendre soin de la vie, vraiment : celle du patient, et de tout son écosystème. Il n’est pas un machine, ni une imbrication de petits Lego, mais bien un être vivant avec toute sa complexité. Et notre vie aussi, parce que nous ne sommes pas non plus une machine à soigner ! Nous aussi avons un écosystème dont il faut prendre soin.

ET ce n’est qu’à ce prix là que notre profession sera vraiment au service de la vie, en accord avec nos valeurs fondamentales et qui font notre force !

Adopter une pratique de soin alignée avec des valeurs écologiques commence par une attention particulière aux produits que nous utilisons : leur provenance, leur impact sur l’environnement, et leur effet global. Mais cela va bien au-delà de ces choix matériels. C’est installer une posture globale : placer la personne au cœur du soin, tout en tenant compte de son environnement, de ses relations, de ses émotions et de son histoire. Et c’est en même temps tenir compte de notre propre écosystème en tant que soignant : notre environnement, nos contraintes et nos libertés, nos valeurs et nos aspirations.

En sortant d’une vision mécaniste du soin, le praticien redonne toute sa place à la prévention, à l’écoute et à l’observation. Ce changement de posture a un impact majeur :

  • La relation soignant-patient se renforce, grâce à une confiance mutuelle grandissante.
  • L’adhésion thérapeutique s’améliore, car le patient se sent véritablement compris et impliqué.
  • Le praticien retrouve du sens dans son métier, en exerçant de façon plus cohérente avec ses valeurs profondes.

Des ajustements à faire pour un métier qui garde tout son sens

Pour atteindre cette cohérence, il est indispensable de repenser notre cadre de travail. Cela implique :

  • Des horaires adaptés, qui laissent de la place pour le soin autant que pour le ressourcement du soignant. Quelle plage horaire est juste pour moi ? Est-ce que je travaille les week-ends, les jours fériés ? De combien de vacances j’ai besoin ?
  • Des tarifs réfléchis, permettant à la fois de rendre le soin accessible et de garantir la pérennité de notre pratique. Quel tarif est juste pour moi ? Pour une consultation ? Pour une journée de travail ? De combien d’argent j’ai besoin pour mes besoins personnels et ceux de ma famille ? Et pour vivre de façon cohérente avec mes valeurs ?
  • Un cadre professionnel harmonieux, en accord avec notre vie personnelle et familiale. Quelles sont nos limites, celles que nous ne voulons pas dépasser ? Quelles sont les grandes lignes à ne pas franchir, et celles qui sont modulables ? Qu’est-ce qui me fait le plus vibrer dans ma profession, et que j’ai envie de développer ?

Prendre soin de la santé, c’est prendre soin de la vie !

Prendre soin de la vie signifie également reconnaître que ni le patient ni le soignant ne sont des machines. Le patient n’est pas une collection de symptômes à traiter ou un assemblage de systèmes mécaniques à réparer. Il est un être vivant complexe, porteur d’une histoire et d’un écosystème unique. De la même manière, nous, soignants, ne sommes pas des “machines à soigner”. Nous avons nos propres besoins, nos limites, et notre propre écosystème à préserver.

C’est en prenant soin de cette interconnexion – celle du patient, de nous-mêmes et de l’environnement – que notre profession devient véritablement au service de la vie.

Une pratique alignée sur nos valeurs fondamentales nous donne la force et l’inspiration pour avancer, tout en créant un impact durable et positif pour les générations futures.

Comment les professionnels du soin peuvent-il s’engager aujourd’hui pour mieux soigner demain ?

Construire une carrière écologique et alignée n’est pas une utopie. Qu’il s’agisse d’intégrer des gestes simples dans son cabinet ou de repenser sa manière de soigner pour embrasser une vision plus globale, chaque professionnel de santé peut agir à son échelle.

Au-delà de la satisfaction personnelle, ce virage écologique répond aussi à la demande croissante des patients pour une prise en charge plus respectueuse de l’environnement et de leur individualité. Et si la route peut être semée de défis — tant pratiques que financiers —, les bénéfices sont multiples : un meilleur équilibre professionnel, une relation patient-praticien renforcée et une réelle contribution à la préservation de la planète.

Dans ce mouvement, la Permathérapie illustre bien la possibilité de concilier éthique et efficacité thérapeutique : observer, comprendre, s’adapter, tout en ayant à cœur de respecter la terre et la personne soignée. Ainsi, pas à pas, c’est un nouveau modèle de santé qui se dessine, où la quête de sens et le souci de l’environnement se rejoignent pour le bien de tous.

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