La santé est trop souvent réduite à des chiffres et des normes. Pourtant il est possible d’envisager la santé différemment sans renier cet aspect fondamental du soin. Je vous propose de découvrir l’accordage en Permathérapie, une notion centrale qui présente une réponse essentielle à certaines limitations des approches conventionnelles, souvent centrées sur la normalisation et l’ignorance des spécificités individuelles. La Permathérapie offre une perspective enrichissante et profondément humaine avec l’accordage qui reconnaît en chaque personne son unicité, ses propres besoins, ses défis et ses aspirations.

Équilibre vs homéostasie : une perspective évolutive

Historiquement, l’introduction de la notion d’équilibre en santé a été réalisée dans le but de simplifier la compréhension des différents systèmes qui composent le corps humain. Cette démarche visait à rendre plus accessibles les informations médicales et scientifiques pour le grand public, tout en facilitant la mise en place de protocoles de soins et de traitements.

Cependant, cette simplification, bien qu’utile dans certaines circonstances, a souvent conduit à une vision réductrice et unidimensionnelle de la santé. En effet, elle a tendance à ignorer la complexité inhérente et la dynamique constante des organismes vivants. Ces derniers sont non seulement influencés par une multitude de facteurs internes, mais également par leur environnement externe ainsi que par une potentiel d’évolution plus ou moins développé, créant ainsi un système d’une extrême complexité qui ne peut être pleinement compris ou traité par une approche purement centrée sur la notion d’équilibre.

Par la suite la notion d’homéostasie a permis de prendre en compte une partie de cette complexité. Son rôle dans la santé a considérablement évolué depuis les premières formulations de Claude Bernard et Walter Bradford Cannon. Cette évolution reflète une transition d’une vision statique de l’équilibre en santé vers une perspective dynamique et adaptative.

Origines et évolution du concept d’homéostasie

En 1865, le biologiste français Claude Bernard introduisait une idée révolutionnaire, celle que les mécanismes vitaux de tout organisme vivant visent à maintenir l’unité des conditions de la vie dans le milieu intérieur. Cette proposition novatrice suggérait moins l’idée d’un équilibre statique que celle d’une capacité d’adaptation remarquable aux situations changeantes et d’un maintien de la constance interne malgré les fluctuations externes.

Plus tard, au début du XXe siècle, le physiologiste américain Walter Bradford Cannon a développé et conceptualisé davantage cette idée la nommant homéostasie. Basée sur les mots grecs στάσις (état, position) et ὁμοίως (égal, semblable à), Cannon décrivait cela comme la stabilisation dynamique des processus biologiques, une réponse adaptative aux changements environnementaux. Cette définition renforce l’idée de dynamisme inhérent à ce concept, mettant en évidence le rôle actif que jouent les organismes dans la régulation de leurs propres conditions internes face aux perturbations externes.

Homéostasie : au-delà de l’équilibre

Henri Laborit a apporté une contribution significative à notre compréhension de l’homéostasie. Il l’a décrite non seulement comme un processus de préservation des conditions internes propres à un organisme, mais a également étendue cette définition pour inclure la conservation de la structure complexe de l’organisme face à un environnement en constante fluctuation.

L’homéostasie, selon Laborit, ne se limite pas à un simple processus de maintien de l’équilibre interne. Elle implique une autorégulation constante et une adaptation dynamique qui permettent à l’organisme de maintenir son intégrité fonctionnelle face aux variations internes et externes. C’est un processus actif qui permet à l’organisme de répondre efficacement aux défis environnementaux et de préserver sa viabilité à long terme.

Repositionnement de l’homéostasie

Depuis les travaux pionniers de Cannon, le concept d’homéostasie a été progressivement élargi et appliqué à de nombreux autres domaines, allant du développement embryonnaire et l’écologie. Cette extension démontre son applicabilité à une multitude de systèmes complexes, soulignant son importance universelle.

Il faut souligner que l’homéostasie ne doit pas être confondue avec une recherche d’équilibre. En réalité, elle représente un processus dynamique d’ajustement et d’adaptation constantes, reflétant la complexité inhérente des systèmes biologiques. Ces systèmes sont en effet dotés de mécanismes finement élaborés leur permettant de maintenir un certain degré de stabilité interne, malgré les changements et perturbations potentiellement dramatiques de leur environnement.

Pour autant cette notion correspond à des mécanismes qui s’appliquent à l’échelle d’éléments isolés de notre métabolisme ou de notre physiologie. De plus, elle ne prend pas en compte la notion d’évolution dont les répercussion sont plus vastes et plus pérenne que celle d’adaptions qui correspond à un apprentissage. Elle ne s’applique pas donc pas à l’holobionte* que nous sommes.

L’accordage : une réponse à l’homéostasie

Tout comme un instrument de musique nécessite un réglage minutieux et précis en fonction non seulement de ses matériaux, de sa forme, de son environnement immédiat, mais aussi de la manière dont il doit s’harmoniser avec les autres instruments, notre santé demande un ajustement délicat. Cet ajustement prend en compte les multiples dimensions de l’être humain, y compris notre corps, notre esprit, nos microbiomes ainsi que les différents écosystèmes avec lesquels et dans lesquels nous évoluons.

Cette perspective plus large reconnaît l’importance d’une approche de la santé qui embrasse non seulement l’individualité unique de chaque personne, mais également le contexte dans lequel elle vit, ses expériences passées et présentes et toutes les nuances de ses vécus ainsi que son évolution dans le temps. Cette approche comprend que notre santé est évolutive, et qu’elle va nécessairement changer et s’adapter aux variations internes et externes, qu’elles soient subtiles ou significatives, pour être optimale.

Là où l’homéostasie nous permet de comprendre des mécanismes physiologiques à l’échelle organique, tissulaire ou cellulaire, l’accordage nous permet de comprendre la dynamique à mettre en place pour répondre à la recherche d’un état de santé au niveau humain, social ou écosystémique.

L’équilibre est un état, l’homéostasie un besoin l’accordage est un advenir.

L’accordage en Permathérapie

Une préoccupation croissante est en train d’émerger parmi les individus et les professionnels de la santé au sujet du manque de prise en compte des caractéristiques atypiques de certaines personnes, que ces caractéristiques soient d’ordre physique, comportementales ou autre. Cette négligence, souvent non intentionnelle mais néanmoins préjudiciable, peut mener à des traitements médicaux ou paramédicaux qui ne sont pas appropriés à la situation spécifique de la personne concernée.

En outre, cela peut aussi engendrer un sentiment profond d’incompréhension, voire d’exclusion, vis-à-vis du système de soins. Il est donc crucial de mettre en lumière cette question et de travailler à une meilleure prise en compte de la diversité des situations dans le domaine de la santé.

Une alternative prometteuse

L’accordage offre une alternative novatrice et prometteuse face à plusieurs problématiques contemporaines. La Permathérapie se concentre sur l’harmonisation de l’individu avec son environnement naturel et social, ainsi qu’avec sa propre personne. Elle prône la reconnaissance et la valorisation de la singularité et de l’unicité intrinsèque de chaque être humain. Au lieu de concevoir la santé uniquement comme une absence de maladie ou d’affliction, la Permathérapie propose une vision plus holistique et intégrative de la santé.

L’accordage est l’art d’harmoniser l’individu avec lui-même et avec son environnement. Cela implique une écoute attentive des besoins mais également des spécificités propres à chaque personne, qu’elles soient physiques, émotionnelles, mentales, comportementales ou environnementales. 

Cette redéfinition favorise des pratiques plus inclusives et respectueuses de la diversité humaine, permettant à chaque individu de s’épanouir même si son vécu ne correspond pas à une norme standardisée.

L’accordage ne nous amène pas à changer les outils ou techniques que nous utilisons en soin mais cela nous oblige à revoir les raisons pour lesquelles nous les utilisons ainsi que nous processus qui mène à ce choix.

Tel traitement permettra-t-il à la personne d’être à nouveau dans les normes ou permettra-t-il de mettre en place les conditions pour la personnes se sentent en harmonie ?

Il est évident que nous n’affirmons absolument pas que l’accordage mène à un état de santé « parfait » ou qu’il s’agit d’une solution rapide à des problèmes de santé complexes. En réalité, l’accordage est un processus continu, qui nécessite du temps, de la patience et une compréhension approfondie de la personne.

Prenons l’exemple des personnes ayant un profil neuroatypique.

L’accordage dans accompagnement des personnes neuroatypiques

Les personnes ayant un profil neuroatypique se caractérisent par des différences dans le fonctionnement neurologique qui les distinguent de la norme (neurotypie). Ces différences peuvent concerner la manière de penser, d’apprendre, de percevoir, de communiquer et d’interagir avec les autres. Dans les approches conventionnelles, les profils neuroatypiques incluent , mais ne se limitent pas à, l’autisme, le TDAH (Trouble Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité), la dyslexie, et d’autres conditions neurodéveloppementales.

Envisager le soin et l’accompagnement des personnes ayant un profil neuroatypique ne consiste pas à repositionner les personnes dans une norme physiologique ou même sociale.

Changer de point de vue

Au contraire nous considérerons ces particularités qui peuvent présenter des défis, comme des forces spécifiques. En créant un environnement respectueux de ces sensibilités, nous valorisons les différences au lieu de les stigmatiser.

Cette démarche favorise une société plus inclusive, où l’on ne considère plus le « handicap » uniquement comme une question d’incapacités individuelles, mais aussi comme un défi lié à l’adéquation entre la société, l’environnement et ces potentialités.

En conclusion, l’accordage en Permathérapie ouvre une voie nouvelle dans le domaine de la santé. Cette approche, centrée sur l’harmonie entre l’individu et son environnement, offre une alternative riche et nuancée aux méthodes traditionnelles de soins. Elle reconnaît et valorise l’unicité de chaque personne, en intégrant les aspects physiques, émotionnels et environnementaux dans la quête de la santé et du bien-être.

Pour une vision holistique et écologique du soin

Pour celles et ceux qui cherchent à adopter une vision plus holistique et personnalisée de la santé, l’accordage en Permathérapie offre des outils et des perspectives précieuses.

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Sources :

• Charles DEVILLERS, Patrick TORT, , PUF, 1996. Dictionnaire du Darwinisme et de l’évolution
• Henri LABORIT, , Gallimard, collection Idées, 1968. Biologie et structure
• Henri LABORT, , Robert Laffont, collection Libertés 2000, 1981. La nouvelle grille
• Jack BAILLET, Homéostasie, Encyclopedia Universalis, 2004.

* Un holobionte est un ensemble constitué d’un hôte et de l’ensemble de ses micro-organismes symbiotiques. Il représente une unité écologique et évolutive. Les Humains sont des holobiontes.